« J’ai commencé la série No Art en essuyant mes pinceaux. Ces grands aplats de couleurs me faisaient du bien et vidaient mon esprit. Il m’arrive souvent d’être piégé par mon jugement sur la nature artistique d’une œuvre. La balance penche souvent vers la non reconnaissance d’un autre artiste. Critique, cet esprit tranchant peut également se retourner contre moi-même. Ma quête d’absolu m’a fait glisser dans une forme d’élitisme qui m’a éloigné de l’absolu véritable qui réside dans l’amour et la reconnaissance de l’autre. L’artiste qui crée pour l’argent et la gloire promeut la vacuité du monde moderne. Il sème des paillettes sur de la poussière. Les questions qu’il soulève sont limitées et met sa lumière sur l’appartenance à un groupe social déterminé. L’acquisition de son œuvre est fondée sur un besoin de reconnaissance et non de connaissance. Le marché l’encourage à produire des œuvres homogènes avec une cohérence esthétique basée sur la tendance. Décoration, investissement et provocation sont devenus les axiomes du passage en caisse. L’art, soumis aux contingences matérialistes de l’époque acquiesce cette flagornerie. La production artistique contemporaine oscille entre conceptualisme élitiste et décoration luxueuse. Comment échapper aujourd’hui à cette ségrégation ? Que vont devenir la liberté et la sincérité des auteurs de demain ? (…) »
Tous droits réservés | Guillaume Cavalier